Hommage a Si Djelloul BAGHLI

 

un véritable artisan de la formation des Hommes avant et aprés l’Indépendance.

 

L’Association des Ingénieurs d’Etat Diplômés de l’Institut Algérien du Pétrole (AIED-IAP) vient de perdre son Président d’honneur Si Djelloul BAGHLI, décédé à l’âge de 91 ans. http://magazineogb.com/images/Baghli-Djelloul.JPG

Il est le père fondateur de l’Institut Algérien du Pétrole (IAP) qui a été créé en 1965 suite a ce qu’on a appelé «les accords d’Evian révisés» concernant le règlement de questions touchant les hydrocarbures et le développement industriel de l’Algérie signé à Alger, le 29 Juillet 1965.

Il répond favorablement à la sollicitation qui lui été faite par le regretté et ancien Ministre de l’industrie et de l’énergie Belaid ABDESLAM pour la mise en place de cet Institut qui sera créé ex-nihilo (ni budget, ni étudiants, ni enseignants et même pas un local pouvant servir de salle de cours). Avant même la publication du décret présidentiel de création intervenue le 29 novembre 1965, il lance le 16 octobre 1965 (un mois et demi après sa nomination en septembre en tant que DG de l’IAP) le démarrage de la première année de la formation des ingénieurs dans un hall du département chimique de l’Ecole Polytechnique.

Créé ex-nihilo et débutant avec des moyens modestes, l’IAP s’est développé rapidement pour devenir dés les années 70 une structure importante constituée d’une Ecole d’Ingénieurs située à Boumerdès et de cinq Centres de Formation de Techniciens Supérieurs et techniciens implantés dans les sites industriels de Hassi-Messaoud, Arzew, Es-Senia, Annaba et Skikda, d’une capacité totale de 2500 places pédagogiques.

 

Il est à noter que la prise à bras-le-corps de la formation des Hommes par la création des structures de formation dans le domaine des hydrocarbures à savoir l’IAP en 1965 et le Centre Africain des Hydrocarbures et des Textiles (CAHT) en 1964, représentait un facteur essentiel dans la politique énergétique de notre pays et c’est grâce à cette politique de formation, que l’Algérie a pu prendre en main et développer une formidable industrie pétrolière dès 1971 en nationalisant ce secteur des hydrocarbures qui était entièrement entre les mains des sociétés étrangères.

Il est clair que ces structures de formation ont été les principaux outils de formation de cadres combattants bien formés et qui furent sur le front du développement pour relever le défi du recouvrement de la souveraineté sur les richesses du pays et son indépendance économique un certain 24 février 1971.

D’ailleurs le départ des techniciens étrangers qui s’en est suivie a été immédiatement compensé par les cadres algériens et n’a nullement perturbé l’activité pétrolière vitale de notre pays.

 

Si Djelloul BAGHLI, ne cessait de nous répéter avec simplicité mais avec conviction: « si le savoir était notre meilleur arme contre le colonialisme, la formation des Hommes était, est et sera toujours le véritable garant d’une Indépendance économique réelle ».

Au déclenchement de la lutte armée en 1954, il était très jeune mais armé d’une License Es-sciences en chimie physique après l’obtention d’un baccalauréat en mathématiques au début des années1950, il commença son combat comme membre de l’OCFLN (Organisation civile du FLN), puis membre fondateur et Vice-président du comité exécutif de l’UGEMA (Union des Etudiants Musulmans Algériens) de juillet 1955 à1962.

Il a été Chef de service culturel du GPRA à Tunis de mai 1961 à mars 1962, puis Directeur de cabinet du délégué aux affaires culturelles, de l’Exécutif Provisoire à Rocher Noir (Boumerdes) d’avril à septembre 1962.

Au sein de l’UGEMA et sous l’égide du C.C.E du FLN, puis du GPRA, Si Djelloul BAGHLI, s’est consacré, pendant la guerre de libération, au placement des étudiants algériens auprès de toutes les universités qui acceptaient de les accueillir, en particulier, en Tunisie, au Maroc, dans les pays arabes du Moyen-Orient, en Europe de l’Est et de l’Ouest et même aux U.S.A et en les orientant surtout vers les filières techniques et scientifiques en vue de faire face aux besoins d’encadrement des secteurs de l’économie et des infrastructures de l’Algérie indépendante.

Tout le monde savait que, sous le régime colonial, les filières techniques étaient pratiquement fermées aux jeunes musulmans algériens.

Si Djelloul BAGHLI, nous a aussi apprit que lors de l’inauguration du Congrès de l’UGEMA à Tunis en 1960, le Président du GPRA Ferhat ABBAS avait souligné que la Révolution Algérienne avait formé en quelques années autant sinon plus de cadres algériens que la colonisation française en une durée de cent trente ans. En effet, il nous précisa que la Révolution a permis la formation de 920 cadres, à comparer avec les 580 diplômés formés en 132 ans par la France.

Ces étudiants formés pendant le déroulement même de la guerre, furent d’un apport précieux et déterminant à la mise en place des structures de l’appareil d’Etat de l’Algérie indépendante.

 

Après l’indépendance, il occupa diverses fonctions, d’abord comme Chef de cabinet du Ministre de l’Education Nationale de septembre 1962 à novembre 1963. Après un passage en tant qu’Assistant à la faculté des sciences d’Alger d’avril 1964 à aout 1965, il devient le premier Directeur général de l’IAP de septembre 1965 à décembre 1984.

Beaucoup de gens se souviennent que l’Algérie a mis d’énormes moyens humains, matériels mais surtout financiers pour l’organisation de la 16ème conférence internationale sur le Gaz Naturel Liquéfié (GNL 16) en avril 2010 à Oran, mais peu de gens savent que Si Djelloul BAGHLI sous la direction de Sid Ahmed Ghozali avait organisé la 4ème conférence sur le GNL (GNL 4) en juin 1974 à Alger, avec très peu de moyens et un comité technique d’organisation composé de 4 personnes seulement. Il va sans dire qu’il était membre du comité international d’organisation et président du comité d’organisation du GNL 4.

Bien qu’il n’ait pas été invité au GNL 16, il a eu la gentillesse de charger un membre de notre Association à l’effet de remettre aux organisateurs du GNL 16, une copie des documents relatifs à l’organisation du GNL 4 avec un recueil renfermant toutes les communications techniques.

 

Il quitte l’IAP pour occuper le poste de Secrétaire général du ministère de la Santé publique de janvier 1985 à mai 1988, puis Administrateur du fonds de participation « industries diverses » de février 1989 à octobre 1990.

Après avoir été Chargé de mission auprès du chef de gouvernement Ghozali de mars à juillet 1992, il devient Ministre de la formation professionnelle de juillet 1992 à septembre 1993. Il met fin à sa carrière comme Président du comité provisoire de direction du croissant rouge algérien de 2005 à 2006, à titre bénévole.

L’Algérie vient de perdre un vrai artisan de la formation des Hommes avant et après l’indépendance mais aussi un des symboles de la Révolution et un haut cadre ayant consacré sa vie à l’édification de l’Algérie indépendante.

Bien qu’il ait pu occuper divers postes de très haute responsabilité au niveau de l’état algérien, il étonne tous ceux qui l’ont connu de prés par son amour très fort pour l’IAP, comme si c’était son bébé à lui. Sa passion pour l’IAP est tellement forte, on dirait que la composition de l’air ambiant qu’il respire contient une dose non négligeable de cet IAP. Il était en quelque sorte « habité par l’IAP» et nous surprend à chaque fois par l’énergie qu’il mettait dans la préservation de cet Institut qu’il a créé à partir de rien.

Voilà, qu’il nous quitte dans la discrétion la plus absolue mais sans avoir accepté au fond de lui même le positionnement de l’IAP au sein de Sonatrach et ce depuis son intégration en juillet 1999. Il n’a pas approuvé ce processus depuis le départ, car l’IAP a perdu la personnalité morale.

Dans ce cadre, Il a participé à deux grandes études réalisées en 1998 et en 2011 par notre Association sur l’IAP. Celle de 1998 (la veille de l’intégration de l’IAP à Sonatrach) était intitulée « L’IAP vers un pole d’excellence » et celle de 2011 (au moment ou l’IAP est devenu une simple structure à l’intérieur de la DRH de Sonatrach) s’intitulait «Redressement et redéploiement de l’IAP au niveau du secteur de l’énergie».

Si Djelloul BAGHLI, nous faisons le serment de continuer ton combat tant que Dieu nous prête vie.

 

Que Dieu dans sa grande miséricorde t'accorde sa grâce et t'accueille dans son Paradis. Tu mérites cela par ton djihad pour la liberté de notre pays et par ta contribution dans l'édification du pays par la formation des Hommes.

 

Un grand Merci et Repose en paix maintenant.



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